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dimanche 15 avril 2012

L'Afrique Réelle N° 28 - Avril 2012


























Sommaire

Actualité :

- La guerre du Mali : un conflit dont la résolution passe par le retour au réel ethnique
- Libye : la guerre Toubou-Arabes peut-elle embraser le Tchad ?
- Le Somaliland en quête d’une reconnaissance par l’Union Européenne

Dossier : Les berbères

- Le long combat identitaire des Berbères
- Entretien avec Bernard Lugan
- L'Egypte et les Berbères
- Les royaumes berbères durant l'antiquité
- L'arabisation ethnique de la Berberie
- L’opposition entre Berbères et Arabes dans le mouvement nationaliste algérien
- Le Maroc, l'Algérie et la Berbérité

Editorial de Bernard Lugan

La guerre du Mali a fait exploser sous nos yeux ces deux grands mythes destructeurs de l’Afrique que je ne cesse de dénoncer depuis des décennies : celui de l’Etat-nation pluri ethnique et celui de la démocratie fondée sur le principe du « un homme, une voix ». En effet :

1) Le mélange ethnique au sein d’un même Etat artificiel est par lui-même crisogène ; d’autant plus que le phénomène est aggravé par la démocratie, cette ethno-mathématique qui donne le pouvoir aux plus nombreux, réduisant les peuples minoritaires à l’esclavage ou les contraignant à la rébellion armée.
2) Après les guerres Nord contre Sud au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Nigeria, au Soudan, le Mali montre à son tour que les Etats post-coloniaux sont des coquilles vides. En ce sens, la malencontreuse intervention franco-otanienne en Libye aura au moins eu un effet positif : le colonel Kadhafi n’étant plus là pour les contenir, les Touaregs qui ont repris leur liberté ont en effet fait sauter le principal tabou qui interdit à l’Afrique de redevenir elle-même, donc d’exister.

Or, au moment où les Touaregs démontrent que les lois historiques inscrites dans la longue durée sont plus fortes que nos fantasmes universalistes et démocratiques, au moment où le réel triomphe des idéologies, nos dirigeants, incapables de prendre la mesure de la situation, s’accrochent tels des automates à ces frontières cicatrices, ces lignes prisons tracées au mépris de toutes les réalités physiques et humaines.
Relisons Ferhat Mehenni et son livre manifeste dans lequel il parle d’«_Etats sans nations ». Méditons une réflexion de l’auteur pour qui les dirigeants européens, au lieu de s’interroger sur l’avenir d’Etats artificiels, mettent au contraire en cause les Peuples qui les combattent au nom de légitimes revendications identitaires.

Plus que jamais, la solution, au Mali comme ailleurs en Afrique, est la partition. On objectera que ce serait alors la porte ouverte à la balkanisation. Probablement. Mais de la Balkanisation peuvent sortir de nouveaux équilibres ; pas du néant actuel. N’oublions pas que pour mettre fin à la Guerre de Trente ans les Traités de Westphalie dotèrent l’Europe d’une poussière d’Etats dont des dizaines de micro-Etats. D’ailleurs, pourquoi toujours penser en termes de vastes ensembles ; y aurait-il un étalon maître à ce sujet ?
L’avenir de l’Afrique est à des Etats plus « petits » et aux frontières épousant plus fidèlement les réalités des peuples.
Faisons un retour en arrière et oublions les invectives et les anathèmes pour ne parler que de la pertinence du système : les Sud-africains avaient tenté, maladroitement certes, cette expérience avec la politique des Etats nationaux ethniques, dite politique des Bantustan, solution visionnaire qui fut rejetée avec indignation par la bien-pensance internationale engluée dans ses dogmes.
Aujourd’hui, après l’indépendance de l’Erythrée, du Sud Soudan, demain du Somaliland et de l’Azawad, après plus d’un demi siècle de guerres qui ont bloqué tout développement en Afrique, le débat ne mérite t-il pas d’être à nouveau ouvert dans un climat enfin dépassionné ?

3 commentaires:

  1. Pour "Etat-nation pluri ethnique", parait pourtant que c'est la clé... sinon ce n'est que copinage (là c'est mon interprétation).
    C'est une approche de Jacques Jaffelin, personne que je n'apprécie guère :
    http://www.sociosomatique.com/textes/consider/consi08.htm

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  2. Le système pluri-ethnies au coeur d'un Etat conséquent n'est pas viable: il suffit d'aller quelques temps en Afrique pour s'en rendre compte. Cette dernière est clanique, tribu tant bien que mal gérée par un Grand Chef secondé par quelques "sorciers" qui rendraient bien souvent des points à nos "Anciens-élèves-de-l'ENA". IL faut faire avec, et non vouloir les remplacer par nos cultures et tout le toutim. Sinon, c'est le règne du coupe-coupe pour un oui ou pour un non.
    Et si l'on continue en Occident à jouer au "mélangeons-nous", il y a fort à parier que dans quelques années, nous subissions de semblables tourments.
    Et il sera temps de garder les hauteurs :).

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  3. Le problème principale, c'est que les hommes politiques pour arriver au pouvoir doivent être élus et rassembler des gens derrière eux. Choisir de rassembler derrière un clivage politique est complexe et difficile. Il est de plus facile de se faire évincer par des concurrents sur des créneaux politique proches. Les hommes politiques jouent donc généralement sur les clivages existants de la société pour se constituer leur clientèle de soutien sans efforts. Dans un pays pluri-ethnique, malheureusement, des clivages faciles à utiliser sautent aux yeux. C'est pour cela que même des pays où l'approche multi-ethnique semble fonctionner pendant une période longue comme la Côte d'Ivoire peuvent rapidement exploser. Il suffit qu'une nouvelle génération d'homme politique apparaissent et cherche à contourner l'existant en se basant sur le clivage ethnique pour se faire une place.

    Un deuxième point est que la recherche du pouvoir n'est pas du tout contradictoire à la balkanisation. Les leaders préfère souvent être les maîtres d'un petit pays où ils ont toute liberté plutôt qu'être un sous-fifre d'un plus grand ensemble.

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