Au Mali, après Gao, Tombouctou, la « cité mystérieuse » qui fit tant rêver les explorateurs du XIX° siècle, semble désormais à la portée des combattants touaregs. Sans une intervention étrangère de dernière heure, on ne voit pas comment la ville pourrait leur échapper. Toute la rive nord du fleuve Niger sera donc entre leurs mains. L’actuel conflit a débuté le 17 janvier 2012, à Menaka et dans la région de Kidal, les Touaregs revendiquant l’autodétermination et l’indépendance, leur guerre étant destinée à « libérer le peuple de l’Azawag de l’occupation malienne ».
Plus à l’Est, en Libye, dans les régions de Sebha et de Koufra, les combats meurtriers entre les Toubou et les tribus arabes ont repris le 26 mars et les Toubou revendiquent désormais, eux aussi, un Etat indépendant. Comme la moitié de l’ethnie toubou vit au Tchad où elle est connue sous le nom de Goranes, les actuels évènements risquent d’y rallumer par contagion une autre guerre, interne celle là, entre les Toubou-Goranes et les Zaghawa qui sont au pouvoir à N’Djamena.
Voilà le double résultat de l’intervention franco-otanienne en Libye. Le président tchadien Idriss Déby Itno avait vu juste quand il avait mis en garde Paris, affirmant qu’elle allait déstabiliser toute une région aux fragiles équilibres[1].
Face à cette situation, qu’est-il possible de faire ?
Pour le moment, au Tchad, le président Déby a la situation sous contrôle, mais il ne peut pas laisser les Toubou de Libye se faire massacrer au risque de voir les Toubou-Goranes échapper à son autorité.
Au Mali, l’alternative est simple :
- Soit nous laissons le cours de la longue histoire reprendre son déroulé et nous admettons la réalité qui est que le Mali n’a jamais existé et que les Touaregs ne veulent plus être soumis aux Noirs du Sud. Dans ce cas, nous entérinons le fait accompli séparatiste et nous veillons à ce que les Touaregs qui auront obtenu ce qu’ils demandaient deviennent nos alliés dans le combat contre Aqmi.
- Soit, de concert avec les Etats de l’Ouest africain, nous intervenons militairement contre les Touaregs pour reconstituer une fiction d’Etat malien et nous jetons ces derniers dans les bras d’Aqmi avec tous les risques de contagion qu’une telle politique implique.
Bernard Lugan
01/04/2012
[1] Le point sur ces conflits sera fait dans le numéro de l’Afrique Réelle du mois d’avril que les abonnés recevront prochainement.
[1] Le point sur ces conflits sera fait dans le numéro de l’Afrique Réelle du mois d’avril que les abonnés recevront prochainement.
Analyse simpliste, pourquoi vous ne mentionnez pas la présence Ançar Dine dans les groupes touaregs ?
RépondreSupprimerLes combattants criant "Allah Akhbar" prennent les villes du Nord, et vous pensez qu'ils vont vous aider à combattre AQMI ??
Bonjour,
RépondreSupprimerce n'est bien entendu pas un poisson d'avril ...
Je salue là un vrai historien qui ne prend pas partie d'une idéologie quelconque.
RépondreSupprimerⴰⵢⵓⵣ.
C'est ce qu'on peut appeler "l'effet domino".
RépondreSupprimerMonsieur,
RépondreSupprimerje lis avec intérêt vos analyses qui se sont toujours révélées pertinentes. Mais n'est-ce pas un passage obligé pour reconstituer une Afrique du Nord et du Centre sur des frontières réalistes ? Et ainsi à moyen terme retrouver une paix durable dans ces régions , pardon pour ma naïveté...
Au vu des porosités grandissantes entre AQMI et une frange touareg du MNLA, il serait en effet intéressant de justifier pourquoi une telle confiance dans les capacités des touareg à contenir l'expansion des islamistes dans cette région du Sahel ?
RépondreSupprimerla position des Touaregs n'est pas transparente - sont-ils soutenus et/ou inféodés aux groupes islamistes du sahel ?
RépondreSupprimerIl ne faut pas oublier que les touaregs ne sont pas le seul peuple dont le territoire a été partagé entre différents pays en Afrique. C'est le cas des peuls, des bambaras, des fangs, etc... La différence est que tout le monde ne réagit pas de la même manière. Qu'ils apprenent à vivre avec les autres peuples et cessent de se croire supérieurs aux noirs. L'époque des razzias ou de l'esclavage est terminée.
RépondreSupprimerJe pense que les Touaregs ont pris leur envole et qu'ils ne coopéreront plus avec l'Occident pour combattre AQMI ou qui que ce soit d'autre. En effet, auparavant les Occidentaux aidaient énormément le gouvernement central malien pour qu'il lutte contre AQMI sans voir qu'en réalité les Maliens utilisaient cette aide plus contre les Touaregs que contre AQMI. C'est ce qu'a affirmé récemment le porte-parole du MNLA à un journaliste lorsque ce dernier lui avait demandé s'ils étaient prêts à combattre AQMI.
RépondreSupprimer@ M.Lugan
RépondreSupprimerConcrètement, quels rapports entretiennent les touaregs avec AQMI?
Les déclarations de la junte maliennes ont de quoi inquiéter, en mettant de côté les arrières pensées, sont elles en partie vraies?
Assistons nous à une "alliance" d'une partie des "rebelles" avec AQMI,ou des groupuscules affiliés?
Monsieur Lugan!
RépondreSupprimerje vous invite à une toute petite analyse, pensez un peu plus! ce que vous proposez est trop facile...car vous ne dites rien en fait au dela de qu'est la situation actuelle. si vous etes historien ou specialiste de l'Afrique comme vous le dites, vous devez d'abord savoir que les touaregs se reconnaissent Maliens. Si ce que vous proposez se réalise le monde entier va le regretter car je vous promet que la meme chose se realisera peut-etre en France tot ou tard, peut etre la Corse?
Vous etes entrain de demander au monde de légitimiser des bandits armés qui sont entrain de violer l'intégrité territoriale d'un pays souverain...vous rendez vous compte de cela? prenez-vous en compte d'autres aspects que votre supposé titre de Monsieur Afrique? Sur quelle base faut-il donner l'autonomie aux touaregs sur le sol du Mali? Monsieur le spécialiste, savez-vous que les touaregs ne font que 10% de la popualtion du Nord du Mali? Savez-vous qu'ils ne font que 2% de la popualtion du Mali entier? Avez-vous été au Mali faire un sondage aux populations touaregs de Kidal, Tombouctou, Gao, Mopti, Segou, Bamako, Koulikoro, Kayes, Sikasso pour savoir ce qu'elles pensent sur la question de l'autonomie?
Vous etes un spécialiste de l'Afrique pour les petits français, pas pour nous AFRICAINS....donc donnez vos analyses avec plus de lucidité et marquez du respect aux principes démocratiques sacrés du monde qui consacrent le dialogue, le respect, la paix au lieu des luttes armées.
Un "petit" français à l'anonyme du 9 avril 2012,
RépondreSupprimerMonsieur l'AFRICAIN,(c'est vous qui l'avez dit)
Probablement maliens vous même (de l'ambassade peut être), vous prétendez que les touaregs ne représentent que 2% de la population du Mali tout entier.
Que 2% d'une population au sein du Mali arrive à s'imposer par la force au 98% du reste, protégés par l'Armée et la Police malienne est particulièrement révélateur de l'état de décomposition avancée de ce pays.
Mauvaise gouvernance et/ou corruption pour en arriver là ? certains maliens non touaregs semblent le penser puisqu'il y a eu récemment un coup d'état au Mali ........
En marge de la révolte touareg, où sont donc les "principes démocratiques sacrés du monde qui consacre le dialogue, le respect, la paix au lieu des luttes armées" dans le fonctionnement de l'état malien en 2012?
Bref, votre attaque contre l'analyse très pertinente de Bernard Lugan est d'une extrême maladresse à chacune de ses lignes.Allez
donc défendre votre pays "souverain" autrement que par des mots, si vous voulez qu'il subsiste longtemps dans sa forme actuelle.
domdlw :un petit français
Pourquoi tant de questions, alors que personne ne prend le temps de vous répondre!
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