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jeudi 8 septembre 2011

Le vrai visage de Paul Kagamé

Ce lundi 12 septembre, Paul Kagamé, président de la République du Rwanda, devait effectuer une visite officielle en France (lire aussi le Décryptage de Frédéric Pons). Plusieurs fois re­poussé, ce voyage destiné à apurer le contentieux entre Paris et Kigali s’inscrit dans une curieuse atmosphère. Larvée depuis la prise du pouvoir par Paul Kagamé en 1994, la crise franco-rwandaise a connu une brutale accélération à la fin de l’année 2006 quand le juge Bruguière lança des mandats d’arrêt internationaux contre plusieurs de ses proches, soupçonnés d’avoir, le 6 avril 1994, abattu ou fait abattre l’avion du président Habyari­mana, attentat qui fut l’élément déclencheur du génocide. Or, la thèse officielle du régime rwandais est que ce furent des Hutus qui assassinèrent leur propre président afin de pouvoir déclencher contre les Tutsis un génocide programmé. La “légitimité” de son régime reposant sur ce mythe, Paul Kagamé répliqua en rompant les relations diplomatiques avec Paris le 25 novembre 2006. Puis il accusa la France de complicité dans le génocide et menaça de lancer à son tour des mandats d’arrêt contre plusieurs dirigeants français dont MM. Balladur, Védrine, Villepin, Léotard, Juppé, ainsi que contre plusieurs hauts gradés de l’armée française. La nomination de Bernard Kouchner, ami du président rwandais, à la tête du ministère français des Affaires étrangères ouvrit ensuite une période de dégel marquée, en novembre 2009, par le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, puis par le voyage du président Sarkozy au Rwanda en février suivant. Au moment où la France s’est engagée dans une croisade démocratique tous azimuts, la visite de Paul Kagamé paraît insolite.  En effet :

1) Quarante-neuf mandats d’arrêts internationaux ont été émis contre ses plus directs collaborateurs. Quarante par la justice espagnole pour “crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide”, et neuf par les magistrats français enquêtant sur les auteurs de l’attentat du 6 avril 1994 qui détruisit en vol l’avion du président Habya­rimana.

2) En mars 2008, Mme Carla del Ponte, ancien procureur du TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), révéla que le TPIR détenait des preuves permettant d’inculper Paul Kagamé pour “crimes de guerre et génocide” mais que, si aucune procédure n’avait été ouverte contre lui, c’était en raison des fortes pressions exercées par les États-Unis et la Grande-Bretagne.

3) Grâce notamment aux travaux du TPIR, nous savons aujourd’hui qu’entre 1990 et 1994, Paul Kagamé déstabilisa le pouvoir en place à Kigali au moyen d’attentats sanglants et d’exécutions ciblées de hauts responsables politiques hutus. Furent ainsi exacerbées des tensions ethniques qui explosèrent immédiatement après l’assassinat du président hutu Habyarimana.

4) Le 1er octobre 2010, la publication du rapport Map­ping rédigé à l’attention du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’Onu mit en évidence l’ampleur des crimes commis en République démocratique du Congo contre les réfugiés hutus et les populations locales par l’armée de Paul Kagamé. Estimant le nombre des victimes à plusieurs centaines de milliers, les auteurs du document parlent de « génocide ».

Au moment où le président Sarkozy s’incline devant les cercueils des militaires français tombés en Afghanistan, il importe de rappeler que le 8 avril 1994, des soldats de Kagamé ont froidement assassiné à leur domicile deux sous-officiers français de la gendarmerie et une civile, à savoir les adjudants-chefs René Maïer et Alain Didot, et l’épouse de celui-ci. Quant à l’équipage de l’avion abattu le 6 avril 1994, il était composé de trois coopérants civils français. Le futur hôte de la France a également ordonné la fabrication du rapport Mucyo mettant en cause des dizaines d’hommes politiques et d’officiers français artificiellement accusés de complicité dans le génocide de 1994. Il a, depuis, été amplement démontré qu’il s’agissait d’un montage grossier reposant sur une accumulation de faux témoignages et de faux en écriture. Lui-même mis en cause, M. Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, a, le 4 mai 2010, devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, parlé à ce sujet d’un « tissu de mensonges et d’inventions destiné à créer un contre-feu à l’instruction judiciaire menée en France ». Ces accusations mensongères n’ont pas été retirées par le président Kagamé avant son voyage en France. Apparemment moins sensibles aux exigences de la realpolitik que les dirigeants français, les chefs de gouvernement espagnol et belge José Luis Zapatero et Yves Leterme ont, le premier en juillet 2010, le second en décembre, refusé de rencontrer un président rwandais soupçonné par deux justices européennes indépendantes d’avoir, le 6 avril 1994, fait abattre en vol l’avion transportant deux chefs d’État en exercice, celui du Rwanda et celui du Burundi, et donc d’être, si ces accusations étaient vérifiées, celui qui aurait allumé la mèche génocidaire. 

Bernard Lugan 08/09/2011.
Publié avec l'aimable autorisation de Valeurs actuelles.

5 commentaires:

  1. Après les vives indignations de Rama Yade sur la visite de Khadafi, cette visite est un scandale absolu, quand on sait que l'individu est simplement accusé de crimes contre l'humanité par l'ONU, voire de génocide que Khadafi n'a pas commis. Le tout dans un pays voisin allié d'une importance stratégique immense, la RDC, qui a payé le lourd tribut de son soutien à la France en 90 et en 94 dans l'opération turquoise. Un sacrifice qui a d'ailleurs contribué à la préservation de l'usage de la langue Française dans cette région du monde. Se détourner du plus grand pays francophone au monde, pour un pays qui a longtemps jeter l'opprobre sur le France, est d'un absurde pathétique. Dérouler le tapis rouge à un dictateur qui a voué aux gémonies la langue française en plein sommet de la Francophonie après avoir converti son pays à l'usage de l'anglais comme langue officielle, n'est pas seulement une insulte aux Français morts sous les missiles du dictateur en 94, c'est également une insulte faite au sang des 8.000.000 des Congolais morts aussi pour la France. Le régime en place aujourd'hui en France passera, certes, mais les Congolais n'oublieront jamais cet affront et cette trahison.

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  2. vive kagame qui a venger l'honneur des tutsi tomber sous le genocides 'et repris le flambeau des mwami tutsi maitres hereditaires de la region

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  3. kagame a venger les siens et repris le flambeau hereditaires de ses ancetres mwami maitres de la region depuis des siecles

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  4. merci anonyme 1 + 2 de prouver ce que la plupart d'entre les modérés de tout bord on clamait: LES TUTSI EXTREMISTES EXISTENT.
    PS: "votre" VRAI mwami héréditaire (qui vit aux Etats-Unis à l'heure actuelle) est contre votre stupide dictateur. renseignez vous un peu.

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  5. je dirais simplement ce que les médias ne disent pas et que seul des pros de l'armée sur place peuvent savoir, les deux missiles Mistral qui ont abattu l'avion du président le soir du 6 avril ont été tiré par deux militaires Français, car à l'époque ce type de missiles n'était pas encore prés à l'exportation, et était encore à l'essai, des patrouilles belges avaient signalé des camions bâché suspect en bordure de l'aéroport de Kigali, la pseudo opération "humanitaire" Turquoise s'est d'abord occupé de recueillir les preuves de l'attentat après le départ des belges, avant de faire les soi-disant bon samaritains, et en fermant les yeux pendant 4 jours dans certaines régions.

    extrait des révélations de l'enquête officielle....LES AUTEURS DE L'ATTENTAT

    A propos de l'attentat, le texte confirme les informations publiées l'an dernier par «Le Soir» : il serait l'oeuvre de deux militaires français, qui ont dirigé vers l'avion présidentiel deux tirs de missiles parfaitement ajustés. Ces militaires, dont l'un est qualifié d'«Estevan» et qui auraient été aidés par un métis rwando-belge, ont ensuite été dirigés vers le Burundi. Selon des informations qui sont depuis lors parvenues au «Soir», l'autre tireur, opérant à côté d'«Estevan» portait le nom de code de «Regis». Par ailleurs, Alexandre Goffin retient l'hypothèse d'un informateur de la Sûreté selon laquelle les missiles auraient transité depuis Goma au Zaïre et seraient même passés par l'ambassade du Zaïre à Bruxelles ! Si un tel transit nous paraît invraisemblable (voir «Le Soir» du 25 octobre), d'autres témoins par contre assurent avoir vu deux camions bâchés franchir la frontière entre Goma et Gisenyi le 5 avril 1994, et ce convoi était dirigé par le commandant du camp militaire de Kanombe.

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