SOMMAIRE :
Dossier : Les élections ivoiriennes
- Les peuples de Côte d'Ivoire
- La crise ivoirienne
- Les élections du 31 octobre 2010
Histoire :
- Origines de l'homme, adieu Afrique ?
EDITORIAL :
Le 31 octobre 2010, cinq années après la fin officielle du mandat du président Laurent Gbagbo, et après six reports successifs, les élections présidentielles ivoiriennes qui devaient mettre un terme à la situation de « ni guerre ni paix » prévalant dans le pays depuis la tentative de coup d’Etat de 2002, se sont enfin tenues. Organisées à grands frais par la communauté internationale, loin de permettre une sortie de crise, elles ont au contraire compliqué une situation politique aussi complexe qu’explosive. Ce scrutin qui n’a rien résolu démontre une fois de plus que la démocratie africaine est d’abord une ethno mathématique. Sondage ethnique grandeur nature, ces élections ont ainsi confirmé que la Côte d’Ivoire est bien composée de trois ensembles ethniques coagulés lors de ces élections autour de trois leaders : Henri Konan Bédié qui avec 25% des voix n’a pas été capable de rassembler au-delà de ses seuls soutiens Baoulé ; Alassane Ouattara qui en obtenant 32,5% des voix a montré qu’il demeurait le chef incontesté des ethnies nordistes et Laurent Gbagbo, arrivé en tête avec un décevant 38,3% des suffrages.
Le président sortant a cependant fait la preuve qu’il était capable de rassembler au-delà de sa petite base ethnique Kru/Bété. C’est ainsi que les Akan non Baoulé ont largement voté pour lui. Son épouse, Simone est elle-même Abouré, petite tribu Akan dont territoire commence à Bassam et le chef d’état-major des Armées, le général Philippe Mangou est Ebrié ; quant aux Attié, vieux résistants au pouvoir colonial et à celui d’Houphouet-Boigny, ce sont de solides alliés. De plus, Laurent Gbagbo a montré qu’il est le seul candidat ayant un électorat éparpillé trans-ethnique.
Le second tour des élections est programmé pour le 21 novembre 2010 et il s’annonce serré. Durant la campagne, les passions vont être exacerbées, ce qui ne va pas favoriser la cicatrisation de la fracture ethnique ivoirienne. Après l’actualité immédiate, le second dossier traité dans ce numéro 11 de l’Afrique Réelle nous conduit sur le long chemin de nos origines car l’idée selon laquelle toutes les populations de la planète seraient originaires d’Afrique est aujourd’hui de plus en plus difficile à soutenir. Davantage acte de foi que véritable démonstration scientifique, cette quasi croyance obligée repose en fait sur deux postulats. Le premier est celui de l’hominisation dont on nous affirme qu’elle se serait faite en Afrique et uniquement en Afrique. Le second est adossé à un schéma diffusionniste selon lequel, ce serait à partir du continent africain que nos ancêtres auraient migré. Ils l’auraient quitté en deux fois, d’abord vers 2 millions d’années avec Homo erectus, puis, il y a environ 90 000 ans avec l’Homme moderne (théorie dite de l’ « Eve africaine »). Or, ces deux postulats sont aujourd’hui considérablement affaiblis en raison de découvertes récentes dont nous faisons le point dans ce numéro. Mais au-delà de ces nouveautés, la question des origines de l’homme dépasse désormais la controverse scientifique car elle a été placée au cœur de l’entreprise de déstructuration mentale des Européens. Elle a en effet permis de faire entrer dans la tête des nantis coupables du vieux continent l’idée selon laquelle nous serions tous des Africains, de lointains immigrés en quelque sorte. Dans ces conditions, pourquoi vouloir limiter l’accès à notre sol à ces « cousins » venus aujourd’hui d’Afrique alors que nos ancêtres l’avaient fait avant eux il y a quelques dizaines de milliers d’années ?
Bernard Lugan
"Dans ces conditions, pourquoi vouloir limiter l’accès à notre sol à ces « cousins » venus aujourd’hui d’Afrique alors que nos ancêtres l’avaient fait avant eux il y a quelques dizaines de milliers d’années ?"
RépondreSupprimerCette question semble tout à fait dépassée. Quand bien même "l'hominisation" se serait-elle faite à plusieurs endroits de la planète simultanément, il suffirait de remonter un peu plus loin dans le temps pour pouvoir trouver un ancêtre commun à tous les hommes.
Le problème de cette idéologie est tout autre ! Parler de dizaines de milliers d'années pour justifier tel ou tel modification d'une société est un non sens absolu, les premières datant d'il y a quelques milliers d'années. Si l'établissement d'une population datant de 100 000 ans ne peut pas être considéré comme légitime, que dire alors des turcs à Chypre, voire à Istanbul, des blancs en Amérique, ou, encore plus chatouilleux, des arabes au Maghreb ?
J'espère que le genre d'argument "nous l'avons fait il y a 10^5 ans, pourquoi pas eux ?" ne convainc pas grand monde. Sinon, où est le débat ?
Un Européen n'est pas un Africain, ni un Asiatique, ni un Américain (natif). Heureusement d'ailleurs, quelle serait la tristesse d'un monde uniforme ... (demandez-le à Martine Aubry !)
Quel plaisir de lire le compte-rendu (p15) des dernières découvertes en paléoanthropologie! Je n'attends maintenant qu'un Pascal Picq nous romance le tout, en reprenant les faits 'déterrés' ces dernières années. P.P. avait énoncé l'idée du 'buisson' des origines de l'homme. Avec ces dernières découvertes, voilà la dimension géographique de ce buisson consolidée. La question maintenant porte sur l'ancêtre commun qui s'est rendu (de quelque part précisement) à ces foyers d'hominisation...
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