La seule question qui se pose est en effet celle de la
responsabilité de l’ONU. Pourquoi le général Roméo Dallaire qui avait tous les
moyens de le faire, ne fit-il rien de sérieux pour empêcher le génocide ?
Devant le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), loin du héros médiatique, « capitaine courageux » face à l’indicible génocidaire, c’est tout au contraire le portrait d’un homme désemparé qui est ressorti des longues audiences. Ses fautes de commandement, ses atermoiements, ses hésitations, son absence de décision sur le terrain ainsi que ses initiatives politiques aberrantes, et parfois même incohérentes, prises en violation de la chaîne de commandement de l’ONU, font que nous sommes désormais devant l’alternative suivante :
- Soit le général Dallaire commandant des Forces de la Mission d’assistance des Nations Unies au Rwanda fut dépassé par les évènements.
- Soit, comme l’a écrit son supérieur, M. Booh-Booh[1], il avait reçu pour ordre de faire gagner le général Kagamé et le FPR[2].
Le chef de cette mission était M. Jacques Roger Booh-Booh, nommé Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Rwanda. Il avait sous ses ordres le général canadien Roméo Dallaire qui était le chef militaire de la mission. Or, ce dernier était un officier qui n’avait aucune expérience du commandement opérationnel. De plus, il ne connaissait rien de l’Afrique.
Alors qu’il se devait de sécuriser au moyen de ses 2539 hommes et de ses blindés, l’axe menant du centre-ville de Kigali à l’aéroport, au lieu de montrer sa force, il la replia tout au contraire dès la nuit du 6 au 7 avril, en commençant par abandonner cet axe vital pourtant sous sa garde et que le FPR coupa…
Plus largement, dès la reprise des hostilités, le général Dallaire aurait dû imposer un couvre-feu et déclarer qu’il ferait tirer sur quiconque le violerait. Le général Kagamé aurait alors hésité à lancer son offensive. Avec la compagnie para-commando belge, il disposait d’une excellente unité qui pouvait sans problèmes majeurs remplir une telle mission. Il lui aurait également fallu, avec ses blindés, occuper en ville les points stratégiques dont la tenue aurait freiné l’extension des massacres et des débordements, ce qu’il n’a pas davantage fait.
Ces évènements provoquèrent même une totale redistribution des cartes en Afrique centrale au profit du Rwanda, principal allié de Washington qui reçut un blanc-seing pour mettre l’est de la RDC (l’ex-Zaïre), à savoir le Kivu, en coupe réglée.
[1] Booh-Booh,
P-R., (2005) Le patron de Dallaire parle. Révélations sur les dérives d’un
général de l’ONU au Rwanda. Paris.
[2] Pour tous les détails concernant l’attitude et les responsabilités du général Dallaire, on se reportera au chapitre VIII de mon livre « Rwanda, un génocide en questions »
[2] Pour tous les détails concernant l’attitude et les responsabilités du général Dallaire, on se reportera au chapitre VIII de mon livre « Rwanda, un génocide en questions »

Une longue chaîne de salopards et d'incompétents internationaux est donc responsable des abominations commises. Mais il est tellement plus facile de s'en prendre à la France, surtout quand on tient à la voir dégager d'Afrique... Chaque jour qui passe voit notre pays s'abaisser sous l'action... ou l'inaction de gens qui sont à la fois des nuls et des vendus. Ils sont tous dignes du peloton d'exécution pour haute trahison, ne serait-ce que pour leurs repentances aussi mensongères qu'abjectes. Merci encore à Bernard Lugan de remettre les pendules à l'heure au sujet de la "France-Afrique" !
RépondreSupprimerMerci pour ces precisions bien utiles
RépondreSupprimerVous vous adressez à un agent américain.
RépondreSupprimerJ'ai eu toujours été très mal à l'aise avec le récit officiel des tragiques événements du Rwanda. Rien n'y est crédible et par dessus tout que reprocher à la France ou même à François Mitterrand sur ce sujet ? Monsieur Macron a bien tort d'y souscrire, sans doute un mauvais calcul issu d'un quelconque marché de dupes mais qui se payera politiquement d'une manière ou d'une autre. Quoi qu'il en soit je remercie Bernard Lugan pour ses précieux éclairages.
RépondreSupprimerComment pouvait-il se faire aider avec la compagnie para-commando belge, alors qu'ils ont quitté le Rwanda au tout début du conflit ?
RépondreSupprimerMerci, cher Bernard de cette clarification nécessaire. Les actions (ou plutôt inactions) de Dallaire proche de certains membres neoconservateur de l'équipe de Madeleine Albright, ont toujours été très suspectes.
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