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jeudi 22 février 2024

La RDC et le Rwanda vont-ils se déclarer la guerre ?

La guerre fait de nouveau rage au nord Kivu, région de l’est de la RDC (République démocratique du Congo). Goma, la capitale régionale est actuellement encerclée par le M23, un mouvement rebelle tutsi, bras armé du Rwanda. Or, en décembre 2023, réélu à la tête de la RDC sur la promesse de reconquérir le Kivu, le 20 décembre, Félix Tshisekedi  a menacé de  déclarer la guerre au Rwanda.

La guerre du Kivu est la conséquence de celle dé 1990 quand, sous les ordres de Paul Kagamé, les Tutsi réfugiés en Ouganda envahirent le Rwanda alors dirigé par le Hutu Juvénal Habyarimana. Le 6 avril 1994, l’assassinat de ce dernier provoqua un atroce génocide suivi par la victoire militaire du général Kagamé (Voir à ce sujet mon livre Rwanda, un génocide en questions.

Puis, en 1996, éclata la guerre du Congo.  Décidée par les Etats-Unis et par la Grande-Bretagne afin de renverser le maréchal Mobutu allié de la France, elle fut menée par l’armée rwandaise du général Kagamé. Paris laissa faire, épisode peu glorieux qui fit perdre son prestige à la France et qui marqua  le début du recul de son influence en Afrique.

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mardi 13 février 2024

Histoire des Berbères, nouvelle édition actualisée et augmentée



Les Berbères ou Imazighen (Amazigh au singulier) constituent le fond ancien de la population de toute l’Afrique du Nord, depuis le delta du Nil à l’est, jusqu’à l’Atlantique -îles Canaries comprises-, à l’ouest, et de la Méditerranée au Sahel. Ils formaient à l’origine un seul Peuple qui fut peu à peu fragmenté par une histoire à la fois riche, complexe et mouvementée.
Les Berbères virent ainsi passer Grecs, Phéniciens, Carthaginois, Romains, Vandales et Byzantins. Au VII° siècle, la conquête arabe eut pour résultat leur islamisation, mais, en Libye et au Maghreb, leur arabisation ne débuta qu’à partir du XII° siècle, avec l’arrivée des tribus arabes Beni Hilal.
Les partisans de l’arabo-islamisme affirment que les Berbères sont aujourd’hui sortis de l’histoire, leur conversion à l’Islam les ayant inscrits de façon irréversible dans l’aire politico-culturelle de l’arabité. D’autres vont jusqu’à nier leur existence comme le ministre algérien de l’Education nationale qui déclara en 1962 que les Berbères « sont une invention des Pères Blancs ».
Tout au contraire, selon Charles-André Julien « Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie sont peuplés de Berbères que l’on qualifie audacieusement d’Arabes ». Quant à Emile-Félix Gautier, il considérait qu’« Il n’y a pas d’Arabes en Afrique du Nord, mais seulement des Berbères à différents degrés d’arabisation ».
Aujourd’hui, les Berbères affirment leur identité et leur antériorité à travers le « Réveil berbère » devenu transnational. Un mouvement  sorti de la longue histoire qui connaît une certaine radicalisations, certains allant jusqu’à dire avec Mohammed Chafik : « Et si l’on décolonisait l’Afrique du Nord pour de bon ! ». 
Aujourd’hui, les berbérophones, c’est-à-dire les locuteurs du tamazight, une partie seulement des Berbères ethniques, forment entre 35 et 40% de la population du Maroc, 25% de celle de l’Algérie, environ 10% de celle de la Libye, et 1% de celle de la Tunisie et de l’Egypte.
Qui sont donc les Berbères ? Quelle est leur origine ? Comment furent-ils islamisés ? Quelle est leur longue histoire ? Comment se fait aujourd’hui la renaissance de la Berbérité ? Peut-elle être une alternative au fondamentalisme islamique ?
C’est à ces questions qu’est consacré ce livre de 239 pages qui n’a pas d’équivalent. Son approche est ethno historique et couvre une période de 10 000 ans. Il est illustré par 31 cartes en couleur et par des photographies.

Auteur notamment d’une Histoire de l’Egypte, d’une Histoire de la Libye, d’une Histoire du Maroc, d’une Histoire de l’Afrique du Nord et d’une monumentale Histoire de l’Afrique, Bernard Lugan est universitaire. Il a enseigné à l’Ecole de Guerre et à l’ESM de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il dirige la revue mensuelle par internet l’Afrique Réelle.

Editions Le Rocher ; 240 pages
Disponible dans toutes les librairies.
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jeudi 8 février 2024

La France « colonie de ses colonies »

En 1960, dans l’empire colonial -11 millions de km2-, vivaient un peu moins de 1,5 millions de Français dont les ¾ dans la seule Algérie. Aujourd’hui, en France - 600.000 km2-, vivent environ 10 millions d’originaires de l’ancien empire. La France est donc devenue la « colonie de ses colonies ». 

La principale responsable de cette situation est doublement la gauche universaliste. Colonisatrice hier, elle initia le mouvement quand droite s’y opposait. On lira à ce sujet mon livre « Colonisation l’histoire à l’endroit. Comment la France est devenue la colonie de ses colonies »

Repentante aujourd’hui, elle encourage la migration de peuplement qui va achever de dissoudre la France dans la « créolité » souhaitée par M. Mélenchon, c’est-à-dire dans ce volapuk universaliste qu’en 1867, dans un discours hallucine, Victor Hugo appelait de ses vœux : 

 « Phénomène magnifique, cordial et formidable, que cette volatilisation d’un peuple qui s’évapore en fraternité ! O France, adieu. Tu es trop grande pour n’être qu’une patrie. On se sépare de sa mère qui devient une déesse. Encore un peu de temps et tu t’épanouiras dans la transfiguration. Tu es si grande que voilà que ne vas plus être. Tu ne seras plus la France, tu seras Humanité ; tu ne seras plus nation, tu seras ubiquité. Tu es destinée à te dissoudre tout entière en rayonnement, et rien n’est auguste à cette heure comme l’effacement visible de ta frontière. Résigne-toi à ton immensité. Adieu, Peuple ! Salut, Homme ! ».


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jeudi 1 février 2024

L'Afrique Réelle n°170 - Février 2024

Sommaire

Dossier :

L’Ethiopie va-t-elle obtenir un débouché maritime ?

Dossier :
La question des frontières, cœur du contentieux algéro-marocain

- Des positions inconciliables
- Quand la France proposait au Maroc une rectification frontalière
- L’Algérie viole ses engagements
- Quand le maréchal Lyautey dénonçait les amputations territoriales du Maroc
- Algérie-Maroc, des relations quasi conflictuelles


Editorial de Bernard Lugan

Quand il était député au Parlement européen, M. Stéphane Séjourné, nouveau ministre français des Affaires étrangères, s’était régulièrement montré hostile au Maroc, tout en faisant les yeux doux à l’Algérie. Et que l’on ne vienne pas dire qu’il s’agit là de réalpolitique gazière car l’avenir des exportations gazières de l’Algérie est sombre.

En effet, comme la production moyenne de gaz y est d’environ 130 mds de m3, dont 30 à 40% réinjectés dans les puits pétroliers pour qu’ils demeurent actifs, l’Algérie ne dispose en réalité que d’environ 86 milliards de m3 de production commercialisable, dont environ 35 à 40 mds de m3 consommés localement pour la production d’électricité. Conclusion, en 2025, les exportations devraient atteindre environ 25 mds de m3, soit moitié moins qu’en 2018. Des exportations qui ne cessent de baisser puisqu’elles sont passées de 64 mds de m3 en 2005, à 51 mds en en 2018, à 48 mds en 2019 puis à 41 mds en 2020.

L’Algérie qui voit ses réserves diminuer, met donc tous ses espoirs dans un projet de gazoduc transsaharien d’une longueur de 4.128 kilomètres qui serait en mesure de transporter le gaz naturel nigérian vers les ports algériens, puis vers les marchés européens. Un projet peu réaliste car ce gazoduc devrait traverser des régions sahéliennes en guerre ou même en situation de totale anarchie. Dans ces conditions quels investisseurs seraient-ils prêts à risquer des dizaines de milliards de dollars pour faire remonter vers le nord un gaz produit dans la région littorale du Nigeria ?

Voilà pourquoi, le plus sûr est d’exporter ce gaz directement par gazoduc marin, d’où le projet Nigeria Morocco Gas Pipeline (NMGP). D’une longueur de 5.500 kilomètres - 569 km existant déjà entre le Nigeria et le Ghana via le Bénin et le Togo -, ce projet est porté conjointement par le Maroc et par le Nigeria pour aboutir à Tanger, au Maroc, avant d’être distribué en Europe.

Ce projet qui permettrait d’associer tous les pays de l’ouest de l’Afrique producteurs de gaz, longerait la côte ouest-africaine, engerbant au passage les productions gazières des pays côtiers. Ici, pas de problèmes de sécurité car, étant offshore, ce gazoduc serait donc indépendant des aléas sécuritaires régionaux.

Au total, 16 pays sont concernés par ce projet, dont tous les pays de la CEDEAO qui pourraient ainsi profiter de ses retombées, notamment les pays enclavés comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger qui bénéficieraient de bretelles terrestres. Une première étape de ce gazoduc reliera les champs gaziers offshore de Grande Tortue Ahmeyim (GTA) situés de part d’autre de la frontière maritime Mauritanie-Sénégal à Tanger au Maroc.

Même si la gauche a toujours eu les « yeux de Chimène » pour une Algérie qui ne cesse d'accuser la France, les intérêts de cette dernière demandent donc une réconciliation avec le Maroc, ce qui passe par la reconnaissance de la Marocanité du Sahara occidental... ce que l'Algérie verra comme une provocation. La politique du « en même temps » n'est décidément pas chose facile...