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mardi 25 janvier 2022
jeudi 6 janvier 2022
Le covid en Afrique : un petit rhume ?
Le centre épidémiologique Epicentre rattaché à (MSF) Médecins Sans Frontières, a publié en
date du 28 décembre 2021 un article intitulé « Covid-19 en Afrique :
le virus circulerait plus qu’annoncé » et, en sous-titre « L’épidémie
de Covid 19 a-t-elle été sous-estimée ? »
Ces deux titres
« alarmistes » cachent l’intérêt principal de l’article qui est de
ramener le « fléau du siècle » à sa juste réalité. Du moins en ce qui
concerne l’Afrique où les dévastations annoncées ne se sont pas produites
puisque les cas officiels de Covid, y sont particulièrement bas. Un mystère
compte tenu de sa contagiosité et du très faible taux de vaccination.
Aussi, afin de tenter de
comprendre cette exception africaine, plusieurs études ont été réalisées sur la
séroprévalence, ce marqueur infaillible permettant de comptabiliser le nombre
de sujets ayant, à un moment ou à un autre, été en contact avec le, ou les,
virus du Covid.
L’étude qui a été menée dans
six pays, le Mali, le Niger, le Kenya, le Soudan, la RDC et le Cameroun a ainsi
permis à ses auteurs d’établir que le pourcentage de personnes asymptomatiques,
c’est-à-dire qui n’éprouvent aucun symptôme, est très élevé. Ainsi, selon les
analyses de séroprévalence, 42% des Nigériens ont été infectés à un moment ou à
un autre par le, ou les, covid, et cela, sans ressentir le moindre symptôme
alors que le taux national officiel est de 0,02% malades. Au Mali, les rapports
sont de 25% et de 0,07%, et au Soudan de 34% et de 0,08%.
L’étude balayant une volonté des autorités de camoufler les vrais
chiffres de malades, l’explication est potentiellement triple :
1) N’ayant aucun symptôme, les
ressortissants de ces pays ne vont pas se faire dépister.
2) Le virus circule d’une manière
très importante, mais souterraine, et sans provoquer de formes graves. Sauf,
comme en Europe, chez les personnes à risque, les jeunes y étant peu sensibles.
Or, la population africaine est jeune. Dans ces conditions, écrit le rapport, « Au
Niger il n’est peut-être pas nécessaire de vacciner toute la population, dont
la moyenne d’âge est de 15 ans ». D’autant plus que l’étude nous apprend
que 42% de la population est désormais immunisée puisqu’elle a été en contact
avec le virus…
mardi 4 janvier 2022
L'Afrique Réelle n°145 - Janvier 2022
Sommaire
Dossier : L’année 2021 en Afrique : bilan et perspectives pour 2022
Dossier : Les guerres africaines d'hier permettent de comprendre celles d'aujourd'hui et de prévoir celles de demain
Dossier : L’année 2021 en Afrique : bilan et perspectives pour 2022
Dossier : Les guerres africaines d'hier permettent de comprendre celles d'aujourd'hui et de prévoir celles de demain
- Est-il possible de prévoir les conflits africains de demain ?
- Les guerres anciennes
- Les guerres africaines depuis les indépendances
- Les causes des conflits africains : droit des Peuples ou droits de l’Homme ?
Editorial de Bernard Lugan
Libye : les nuées démocratiques face aux réalités
- Les guerres anciennes
- Les guerres africaines depuis les indépendances
- Les causes des conflits africains : droit des Peuples ou droits de l’Homme ?
Editorial de Bernard Lugan
Libye : les nuées démocratiques face aux réalités
En Libye, les élections du 24 décembre 2021 ont été annulées et « reportées ». Les naïfs avaient assuré qu’elles allaient permettre de refermer la parenthèse de chaos ouverte en 2011 par un Nicolas Sarkozy bien mal inspiré par BHL. Un échec de plus pour la bien-pensance démocratico-occidentale. Depuis 2011, refusant de prendre en compte les réalités humaines, cette dernière prétend en effet reconstruire la Libye autour d’un préalable électoral incompatible avec le système politico-tribal. D’où une impasse reposant sur quatre grandes erreurs :
1) Le postulat de l’existence de la nation libyenne
Or, il n’existe pas d’identité libyenne. La constante historique est ici la faiblesse du pouvoir par rapport aux tribus. Les bases démographiques des groupes tribaux ont certes glissé vers les villes, mais les liens tribaux ne se sont pas distendus pour autant. Groupées en (alliances ou confédérations), les tribus ont leurs propres règles internes de fonctionnement qui ne coïncident pas avec la démocratie occidentale individualiste fondée sur le « One man, one vote ».
2) Ne pas avoir vu que le colonel Kadhafi avait fondé son pouvoir sur l'équilibre entre les trois grandes confédérations libyennes.
Or, le colonel éliminé, ces dernières ont repris leur autonomie par rapport au pouvoir central.
3) Avoir privilégié les politiciens rentrant d’exil et négligé les vraies forces du pays
Or, adoubés par les Occidentaux, ces politiciens ne représentent qu’eux-mêmes et non les vraies forces du pays qui sont les tribus. Le 14 septembre 2015, le Conseil suprême des tribus de Libye avait déclaré à ce sujet que seul le fils du colonel Kadhafi, Seif al-Islam était habilité à parler en son nom.
4) Avoir imposé le préalable électoral avant de reconstruire l’Etat
Or, la priorité n’est pas électorale. Comme après 1945, il fallait établir un nouveau pacte social en partant du réel tribal et régional. Tout au contraire, corsetés par leur idéologie, les Occidentaux ont postulé que des élections allaient permettre de dégager un consensus « national_» entre les factions libyennes. En 2012 et en 2014, trois élections furent alors organisées au forceps et elles permirent d’élire un Congrès général, une Assemblée constituante, puis une Chambre des représentants. Au mois d’août 2014, menacée par les milices, cette dernière se réfugia à Tobrouk, en Cyrénaïque.
Au lieu de créer un consensus, ces trois élections ont tout au contraire accentué les divisions locales, élargi le fossé entre Tripolitaine et Cyrénaïque et provoqué une guerre civile à l’intérieur de la guerre civile, surtout en Tripolitaine. Avec pour résultat, une guerre de tous contre tous sans issue, ponctuée d’accords internationaux jamais appliqués sur le terrain, et enfin l’immixtion de la Russie et de la Turquie.
Aujourd’hui, et plus que jamais, la Libye étant coupée en deux, l’on voit mal autrement qu’à travers un système confédéral, il serait possible de ramener la Cyrénaïque et les Tripolitaines à s’inventer un destin commun. Mais la « communauté internationale » s’obstine à exiger que la date des élections soit fixée…