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mardi 9 février 2021

Deux ans après le début du hirak, le Titanic algérien fonce droit vers un iceberg politique, économique et social…

En Algérie, le Hirak  débuta il y a deux ans, au mois de février 2019, en protestation contre la 5e candidature présidentielle d’Abdelaziz Bouteflika devenu impotent. Après la déposition-démission de ce dernier intervenue le 2 avril, le massif mouvement de rue se transforma en lutte totale et frontale contre le « Système ». Ayant réussi à faire élire à la Présidence Abdelmadjid Tebboune, l’un des siens, ce même « Système » bénéficia ensuite d’une « divine surprise » quand la pandémie du covid19  mit un terme aux manifestations. Mais la crise politique, sociale et morale demeurait, sur fond de naufrage  économique...

Un naufrage prémonitoirement annoncé en quelques lignes le 28 septembre 2015 par Sid-Ahmed Ghozali, ancien ministre et président-directeur général de la Sonatrach (la société nationale  des hydrocarbures) de 1966 à 1979, quand il avait déclaré au journal el Watan :

« Je crains un effondrement. Il est inéluctable (…) Après 53 ans d’indépendance, notre société vit par la grâce d’une richesse épuisable et unique, de surcroît non créée par nous (merci à la France, ma note) l’Algérie est l’un des rares pays, sinon le seul, à se retrouver dans cette si grande et si dangereuse précarité : 99% de nos importations, y compris le blé de notre pain quotidien, sont payées par les revenus des hydrocarbures ! (…) Qui est responsable de cet état de choses ? Un pouvoir vautré dans l’économie de la rente ».
Sid Ahmed Ghozali avait vu juste car la leçon des crises des années 1986,1990 et 1994 n’ayant pas été retenue, l’économie algérienne n’avait pas été diversifiée, le pays continuant à vivre sur la rente des seuls hydrocarbures. Voilà qui explique l’impasse actuelle  due à la fois, certes à l’effondrement conjoncturel des cours, mais, bien plus grave, à l’épuisement des réserves. D'où une baisse de la production entamée en 2008, baisse un temps camouflée par l’envolée des cours. Aujourd'hui, les gisements en activité s’épuisent et aucune découverte majeure n’a été faite susceptible de redresser le volume de la production.

La question s’énonce  donc simplement : comme les hydrocarbures fournissent, bon an mal an, entre 95 et 98% des exportations et environ 75% des recettes budgétaires, le Titanic algérien va inéluctablement se trouver en perdition.
 
Paralysés, et afin de détourner l’attention du Peuple, les dirigeants d’Alger abattront alors leur « joker » habituel, à savoir la dénonciation de l’ « héritage colonial ».
Ils ont d’ailleurs commencé à le faire mardi 9 février quand M. Ammar Belhimer, porte-parole du gouvernement algérien et ministre de la  communication a réclamé (lire exigé) que la France reconnaisse ses « crimes coloniaux ». Quelques jours auparavant, lors d’un entretien donné au quotidien El Massa, le même ministre avait osé parler de la France en des termes qui, en d’autres temps, auraient, au moins entraîné une réaction diplomatique: « Le criminel (lire la France) fait généralement l’impossible pour éviter d’admettre ses crimes, mais cette politique de fuite en avant ne peut pas durer ».
 
Voilà qui en dit long sur la réponse d’Alger à la volonté d’ « apaisement des mémoires » demandée par le président Macron à ce pauvre Benjamin Stora…[1]. Traité avec des relents d’antisémitisme de « nouveau harki de la France » par la presse algérienne, ce dernier ne cesse, depuis la remise de son Rapport, de donner des gages à ses amis du FLN. Dans un entretien accordé le 7 février 2021 au site web algérien L’Expression Nationale, il a ainsi déclaré qu’il ne voyait pas d’inconvénient à la présentation d’excuses de la France à l’Algérie pour les massacres commis ».

[1] Voir à ce sujet mon livre Algérie, l’histoire à l’endroit.

4 commentaires:

  1. Excellente analyse et très pertinente de l'historien Bernard Lugan. Effectivement, les dirigeants algeriens autant incompétents qu'illégitimes, remettent une fois de plus, tous les maux et tous leurs ratés sur la période coloniale qui a bon dos, et qui leur avait pourtant laissé en héritage, un pays Algérie = Numidie + Maurétanie césarienne + immense Sahara, des villes entièrement bâties par la France, des routes, des infrastructures, et des gisements gaziers et pétroliers insoupçonnées jusqu'à ce que la France les découvre. Qu'ont-ils fait de l'Algérie en 60 ans de très mauvaise gestion et gouvernance, c'est ça la vraie question. Un pays qui avait pourtant tous les atouts pour réussir, sauf sa classe dirigeante prédatrice et incapable qui l'a conduit tout droit dans le mur.

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  2. Que peut-on attendre de bon des gouvernants d’un pays dont le président, au mépris des bénéfices qu’elle a portés aux autochtones concernés, définit la colonisation de crime contre l’humanité? Rien d’autre que la décadence à laquelle on assiste de jour en jour.

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  3. Je soutiens votre analyse et la partage. Néanmoins ne pas oublier un fait très important à savoir.Près de 200 généraux dits" Marsiens" ( En référence aux militaires Algériens dit "Harkis" ayant rejoint les rangs du FLN en Mars 1961.) ont pris le pouvoir après la mort de Boumédiene avec la complicité des différents gouvernements Français ont pillées plus que la colonisation l’Algérie. Pour ne pas faire de l’uchronie je suis persuadé que si indépendance Algérienne s’était bien passée, l’Algérie serai actuellement un "Dragon économique" de la méditerranée et le courant migratoire serait de l'Europe vers l'Afrique et non l'inverse comme c'est le cas actuellement.

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  4. ... et c'est pourquoi toute tentative de "réconciliation" avec l'Algérie est vaine... ils ont besoin d'un bouc émissaire... pas seulement les dirigeants, pour des raisons évidentes, mais le peuple humilié par les échecs successifs... il eut fallut être cohérent : rapatrier absolument tous les harkis puis couper les ponts pour laisser les Algériens à leur indépendance...

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