mercredi 1 février 2017

L'Afrique Réelle N°86 - Février 2017


























SOMMAIRE :

Actualité :
- Algérie : comme un bateau ivre…
- Libye : l’implication russe peut-elle changer la donne ?

Dossier : Côte d’Ivoire, entre illusions et réalité
- Le nouveau naufrage des «experts »
- Le facteur-risque ivoirien

Dossier : Namibie et repentance
- La révolte des Herero et ses conséquences
- Du Sud-Ouest africain à la Namibie


Editorial de Bernard Lugan :

Le plus grave dans la crise majeure que traverse actuellement l’Afrique sud-saharienne tient au fait que ce sont ses « locomotives » qui ont déraillé. L’Afrique du Sud et le Nigeria qui représentent près de 50% du PIB continental sont ainsi en récession ou en quasi récession, la Côte d’Ivoire dévisse, l’Ethiopie se disloque et l’Angola est en faillite. Résultat, la croissance continentale s’est effondrée à 1,5 ou 1,6%. 
Or, à moins de 7% durant plusieurs années, il est impossible de faire reculer la pauvreté. Comme dans la plupart des pays, la croissance démographique est plus importante que la croissance économique, le continent s’enfonce donc chaque jour un peu plus dans le néant. Un néant masqué par quelques ilots de prospérité qui sont autant d’arbres cachant la forêt de misère qu’est l’Afrique.

La baisse du prix des matières premières est une cause importante de cette situation, mais là n’est pas l’essentiel. Les véritables causes du drame africain sont en effet ailleurs et, à ce sujet, je ne peux que renvoyer à mon livre Osons dire la vérité à l’Afrique[1]. Il y en a deux principales :

- L’absence de lucidité et le refus de la réalité. Depuis la décennie des indépendances, il y aura bientôt trois-quarts de siècle, l'Afrique se voit appliquer la « méthode Coué » à travers les annonces périodiques de son « démarrage ». Or, loin de « démarrer », l'Afrique sud saharienne revient au contraire au XVIIIe siècle et à l'économie de comptoir (pétroliers ou miniers), qui enrichit une poignée d'Africains cependant que l'immense majorité de la population tente de simplement survivre. Ce grand bond en arrière est illustré par un retour à la traite humaine à travers l'émigration qui se fait vers l'Europe. 

- L’impératif moral avec sa conséquence, le diktat démocratique, a empêché le « raccourci autoritaire » d'aller à son terme alors qu'il était peut-être porteur de cette notion d'Etat qui manque tant à l'Afrique.

Ceci étant, la résolution des problèmes africains passe par quatre préalables :

1) D’abord, maîtriser puis inverser la courbe démographique. Sans cela, rien ne pourra être entrepris. Une telle évolution serait une révolution et comme elle ne s’annonce pas, la situation est donc sans espoir.

2) Ensuite reconnaître le poids des fondamentaux ethniques. Au milieu de la désagrégation généralisée, l’ethnie constitue en effet ce plus petit commun dénominateur sur lequel il est possible de rassembler les hommes. Rassembler pour ensuite, éventuellement, élargir.

3) Puis, admettre que les principales crises africaines ont une origine historique, politique et culturelle. Tant que leur approche continuera d'être d'abord économique, elles n'auront aucune chance d'être traitées.

4) Enfin, comprendre qu'avant d'être francophones ou anglophones, chrétiens ou musulmans, les habitants de l'Afrique, sont d'abord des Africains qui parlent des langues africaines et qui ont leurs croyances car, et comme l'a dit le romancier ivoirien Ahmadou Kourouma : « [L'Afrique sud-saharienne] est habitée par des animistes, les uns teintés de christianisme, les autres d'islam. »

[1] Editions du Rocher, 2015. Il est également possible de commander le livre à l’Afrique Réelle sur notre blog.

4 commentaires:

  1. Il faut aller plus loin pour une véritable décolonisation des pays africains:
    Décolonisation économique avec création d'une monnaie unique et abandon de la monnaie du colonisateur dont les Etats africains sont toujours dépendants (cf. la banque de France qui se réserve la part du lion lors des transactions effectuées par les pays africains!);prévoir un marché commun africain avec suppression des taxes au sein du continent, accompagnée d'une taxation des produits venant de l'occident.
    Décolonisation politique car l'histoire du monde africain fait que l'Afrique ne peut pas vivre avec la soit disant démocratie importée par les occidentaux, abandon des frontières artificielles créées de toutes pièces par l'occident afin de mieux garder les Etats africains sous leur coupe et retour aux micro-états d'avant la colonisation, représentés par les anciens royaumes qui commerceront entre eux et pourront malgré tout s'auto-gérer dans le respect de leurs us et coutumes propres à chaque ethnie.
    Décolonisation culturelle car la culture et l'histoire africaines sont les plus anciennes (n'en déplaise à un certain Sarkozi qui prétendait, durant son heure de gloire, que l'Afrique n'avait pas d'histoire) et la gestion actuelle des cités (politique) doit se faire en lien étroit avec la culture d'origine. De plus, n'oublions pas que le nom même "Afrique" vient du roi Yéménite colonisateur( extrait de "origine du mot Afrique" à retrouver avec google: "Lorsque le nom « Afrique » n’existait pas encore, on parlait, pour faire référence à des régions de ce territoire, de Kathiopa, de terre d’Ethiopie, de terre de « Cham », terre de « Coush », terre de « Sheba », d’Alkebulan… D’après le célèbre historien Ibn Khaldoun , ces terres ont reçu le nom « IFRIQIYA » (Africa) après l’invasion d’un des rois arabes du Yemen, qui portait le nom « Ifriqos bin Qais bin Saifi », ce roi va s’emparer des terres du Nord (Magreb, etc.), et dès lors celles-ci porteront le nom se rapportant à lui, c’est-à-dire « Ifriqya » (Afrique)); l'Afrique doit donc retrouver son véritable nom: Kama ( Google: "le vrai nom de l'Afrique c'est Kama").Cette décolonisation sera également linguistique avec à la fois la création d'une langue unique africaine et, en même temps, l'enseignement à l'école des langues endogènes propres à chaque ethnie.
    Décolonisation cultuelle: "tout noir chrétien est un traître à la mémoire de ses ancêtres" (voir Kayemb Uriel Nawezi) qui ont dû se convertir sous la torture ou bien mourir!Il en va de même pour les africains musulmans, autre religion importée lors de la colonisation yéménite. Kamites, retrouvez vos racines! La décolonisation se fera également aux niveaux scientifique et technologique par l'adoption des OGM, des biotechnologies et de la nanotechnologie; la diaspora pourra être d'une grande aide en venant, comme cela commence à se faire, enseigner aux étudiants, durant son temps de congés, les connaissances acquises en occident.
    La décolonisation passera également par le plan social avec la gratuité immédiate tant au niveau de la santé que de l'éducation depuis le primaire jusqu'au supérieur.
    Il me serait difficile d'entrer dans le détail de tous ces aspects durant cette seule intervention, cependant ces différents points peuvent être développés séparément pour prouver que ce n'est pas de l'utopie et que les Kamites peuvent y arriver: YES YOU CAN AND YOU'L DO IT!
    Cependant, cette action ne doit pas ouvrir la voie à un nouveau racisme: les occidentaux actuels pris individuellement en tant qu'êtres humains ne doivent pas être rendus responsables des exactions dues aux différents états dont ils dépendent. Que tout cela se fasse dans l'amour afin que la paix règne enfin sur notre belle planète terre.
    Ah! Avant de conclure, sachez que je suis une femme blanche avec un coeur kamite. Lucilera

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  2. Un article intéressant sur le Maréchal Haftar et la France :
    http://www.opex360.com/2017/02/06/libye-marechal-haftar-loue-soutien-militaire-fournit-france/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+ZoneMilitaire+%28Zone+Militaire%29

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  3. Merci pour chaque publication.
    Ils sont très importants après !!!
    Félicitations et vont de plus.
    Gracias
    baiser

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  4. ".....habitée par des animistes, les uns teintés de christianisme, les autres d'islam. »
    Hélas, cette vérité patente aux yeux de ceux qui prennent la peine de les ouvrir, connait de plus en plus d'exceptions.

    Le fanatisme prosélyte mahométan devient une réalité en Afrique subsaharienne, alors même que "dans le monde d'avant", nul africain n'aurait songé à imposer son panthéon à l'autre, quelles que soient par ailleurs les dissensions, voire les guerres ethniques.
    Ceci est nouveau.

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