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lundi 11 mai 2015

Une nouvelle guerre vient d'éclater au Mali. Pourquoi ?

L'on se bat à nouveau dans le nord du Mali. Pas contre les islamistes cette fois, mais entre Touareg, dans un conflit se nourrissant d'une rivalité séculaire entre les "nobles" Iforas composant le noyau dur du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) et leurs anciens tributaires Imghad du GATIA (Groupe d'auto défense touareg Imghad et alliés) dirigés par le colonel Ag Gamou. Les premiers sont partisans d'un confédéralisme alors que les seconds obéissent au régime de Bamako qui les utilise afin d'affaiblir le MNLA ; avec, semble-t-il,  le soutien de la Minusma (Mission des Nations Unies au Mali). Résultat : la signature des accords de paix prévue le 15 mai à Bamako est compromise.

Explication et point de la situation.

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lundi 4 mai 2015

L'Afrique Réelle N°65 - Mai 2015


























Sommaire :
  
Actualité 
- Kenya : Garissa, les raisons d'un massacre
- Nigeria : analyse du scrutin présidentiel

Dossier : Rwanda, l'héritage du juge Trévidic
  
- Attentat du 6 avril 1994 : le point sur l'enquête française
- Comment l'Etat français a torpillé l'enquête sur l'attentat du 6 avril 1994
- Où en est l'enquête espagnole ? Entretien avec M° Jordi Palou-Loverdos


Editorial de Bernard Lugan :

La repentance, notamment au sujet de Sétif, interdit de construire une vraie politique franco-algérienne

Les nations n'ont ni amis ni ennemis éternels. Leurs intérêts présents doivent donc prendre le pas sur les tragédies qui, hier, ont pu les opposer. Cependant, il n'est possible d'aller de l'avant qu'à la condition que ne subsiste pas le non-dit, ce terreau de la repentance qui met l'un des partenaires en position de faiblesse.
Que la situation actuelle conduise la France et l'Algérie à se rapprocher et même à construire un partenariat, notamment dans la lutte contre le terrorisme islamique et contre le « grand remplacement », pourquoi pas ? Mais que le président socialiste français décide de fonder cette nouvelle relation entre les deux pays en envoyant à Sétif, sur le chemin de Canossa, un membre de son gouvernement, est inadmissible politiquement, insupportable moralement, inconcevable historiquement.

Pour être clair :

1) Tant que le postulat de l'exploitation coloniale permettra aux dirigeants algériens d'expliquer leurs échecs, aucune relation solide ne pourra être construite avec la France. Gouvernée par l' « alliance des baïonnettes et des coffres-forts »[1], l'Algérie est en effet, de toutes les possessions françaises, celle qui reçut le plus de son ancienne métropole: de 1830 à 1962, la France l'unifia et lui offrit un Sahara qu’elle n’avait par définition jamais possédé. En 1962, elle lui légua 70.000 kilomètres de routes et 4300 de voies ferrées, 4 ports équipés aux normes internationales, une douzaine d’aérodromes principaux, des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), des milliers de bâtiments administratifs, d'immeubles ; 31 centrales hydroélectriques ou thermiques ; une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie etc. ; des milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités, d’hôpitaux, de maternités, de dispensaires, de centres de santé etc. Sans parler d’une agriculture largement exportatrice et des hydrocarbures que ses géologues et prospecteurs avaient découverts[2].

2) Tant que le mythe de l'unité de la population dressée contre le colonisateur français permettra aux satrapes qui ont fait main basse sur l'Algérie de cacher les profondes divisions du pays, rien de durable ne pourra être édifié entre Paris et Alger. En effet, entre 1954 et 1962, 200 000 Algériens combattirent dans les rangs de l’armée française (tirailleurs, spahis, harkis, moghaznis etc.), ce qui constitua des effectifs au moins quatre fois supérieurs à ceux des maquisards de l’intérieur ou des membres de l’ALN stationnés en Tunisie ou au Maroc.

3) Tant que les nombreuses associations d’ayants-droit composées d'auto proclamés acteurs ou héritiers de la « guerre de libération », imposeront aux historiens leur propre lecture de l'histoire, aucune vraie politique franco-algérienne ne pourra être fondée. Or, ces rentiers de l'indépendance qui forment le noyau dur du régime prélèvent, à travers le ministère des anciens combattants, 6% du budget de l'Etat algérien, soit plus que ceux des ministères de l'Agriculture (5%) et de la Justice (2%)...


[1] L'expression est d'Omar Benderra (Algeria-Watch, décembre 2014), en ligne.
[2] Pierre Goinard, Algérie : l’œuvre française. Paris, 1986.