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dimanche 24 mars 2013

Derrière la prise de Bangui, c’est le Tchad qui est menacé


Dimanche 24 mars, le président centrafricain Bozizé a quitté Bangui pour la RDC et les rebelles du Seleka ont pris la ville. Une razzia lancée par deux ou trois centaines de coupeurs de route s’est donc transformée en une entreprise de conquête du pouvoir car, au noyau centrafricain du mouvement, se sont agrégés des Tchadiens voulant abattre le régime du président Déby et des Soudanais.
Si ces évènements avaient pour conséquence le rapatriement du contingent tchadien qui combat aux côtés des forces françaises au Mali, on ne comprendrait pas que Paris n’ait pas « anticipé ». La situation doit donc être suivie avec une grande attention car il serait irresponsable de laisser se créer un foyer de déstabilisation au sud du Tchad au moment où la contagion sahélienne touche déjà le nord du Nigéria.

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dimanche 3 mars 2013

L'Afrique Réelle N°39 - Mars 2013


























SOMMAIRE

Enquête :
Qui a abattu l’avion du président Habyarimana ? Une nouvelle pièce au dossier

Dossier : Les guerres africaines de 1960 à 2013
- Typologie des guerres africaines
- Les causes des guerres africaines

Histoire :
Le nationalisme au Maroc

Editorial de Bernard Lugan : Mali : retour au point de départ ethnique

Militairement, les islamistes sont cernés dans un dernier réduit du massif des Iforas avec, au Nord et à l’Est, les Algériens, au Sud les Tchadiens en bouclage, à l’intérieur, les forces spéciales françaises et des Touareg. L’intensité des combats montre a posteriori à quel point la politique française qui mettait en avant l’idée de non intervention, mais de formation des contingents africains, n’était rien d’autre qu’une vue de l’esprit. En effet, s’il n’y avait pas eu    l’opération Serval, les Iforas seraient toujours une base jihadiste…

Maintenant que le nuage islamiste est dissipé, et en dépit d’attentats résiduels et d’actions terroristes à venir, le réel réapparaît avec force. Quel est-il ?

1) Nous ne sommes pas face à une guerre de religion.
2) Nous sommes en présence d’un classique conflit ethnique et même racial, un conflit ancré dans la nuit des temps entre « nordistes » et « sudistes ».
3) Nous en revenons donc au début de la crise, c'est-à-dire à la revendication touareg. Tout le reste est secondaire, à commencer par la question islamiste qui est simplement venue se greffer sur la revendication touareg.

Depuis le déclenchement de l’opération Serval, François Hollande a eu l’intelligence de laisser faire les militaires. Maintenant que le nettoyage des Iforas est entré dans sa phase finale, le relais politique ne va pas tarder à être pris par le Quai d’Orsay et la cellule africaine du parti socialiste. L’ idéologie va donc de nouveau prendre le pas sur le réel sahélien.
Le président Hollande ayant une nouvelle fois déclaré que le but de l’intervention française est la restauration de l’intégrité du Mali, deux grandes questions vont se poser :

1) Que va dire Paris à Bamako quand le Mali va vouloir exercer sa souveraineté sur la totalité du territoire reconquis par les Français et les Tchadiens ? De quel droit la France peut-elle continuer à interdire à l’armée malienne d’aller faire la « mouche du coche » à Kidal et dans les Iforas ?
2) Que va dire Paris aux Touareg qui se sont battus à nos côtés, qui ont largement permis l’opération des Iforas et qui ne veulent pas d’armée malienne chez eux ?

Comme il va bien falloir passer au règlement politique de la question malienne, la seule approche réaliste doit tenir compte des trois points suivants :

1) Le soulèvement du mois de janvier 2012 qui est à l’origine de l’actuelle guerre du Mali s’est fait au nom de l’identité touareg et autour de la revendication de l’Azawad.
2) Or, comme je n’ai cessé de le dire depuis le début du conflit, et comme l’ont découvert ceux qui lisent mes communiqués et qui ont amplement repris l’idée sans citer leurs sources, l’Azawad n’est qu’en partie touareg. Il existe en effet trois Azawad, l’Azawad Touareg à l’est, avec pour centre le massif des Iforas ; l’Azawad arabe vers l’ouest et vers le nord et enfin l’Azawad du fleuve avec des populations mélangées (Songhaï, Peul, Touareg etc.).
3) La fiction d’un Etat malien « unitaire » est morte. Le régime de Bamako doit donc admettre qu’il est incapable de tenir deux des trois Azawad et qu’il doit donc penser à une profonde évolution fédérale ou même confédérale.