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mercredi 14 novembre 2012

Mali : soit nous intervenons, soit nous n’intervenons pas. Mais si nous intervenons, alors faisons le vraiment…


Dans sa conférence de presse du mardi 13 novembre, François Hollande a marché sur des œufs quand il a parlé de la question du Mali. Il sait en effet très bien que si nous intervenons, nos malheureux otages seront assassinés mais que, si nous n’intervenons pas, nous perdrons le peu d’influence qui nous reste encore sur le continent...

Face à ce dilemme, son choix peut ainsi être résumé: nous n’intervenons pas mais nous allons former ceux qui vont intervenir…en espérant que cette argutie permettra d’éviter de froisser les Algériens qui ne veulent pas entendre parler d’une action française...

Or, ce que le président de la République ne semble pas avoir compris c’est qu’une opération militaire ne se construit pas comme une synthèse entre divers courants, à l’image de ce qui se fait lors des congrès du parti socialiste. En la matière, alors qu’il faut des objectifs clairs et des moyens adaptés, nous sommes au contraire dans le flou. En effet:

1) Si l’expédition de la CEDEAO a pour seul but d’en revenir à la situation antérieure, c'est-à-dire permettre au sud Mali de continuer à coloniser le nord Mali, rien ne sera réglé. Une intervention qui ne serait pas précédée du règlement politique de la question  touareg ne ferait en effet que reporter le problème tout en l’amplifiant. Or, rien n’a été décidé  quant à la nécessaire réorganisation administrative du Mali après la reconquête de ses villes du nord car les responsables français ont été incapables d’imposer à Bamako un véritable fédéralisme ou mieux, un confédéralisme, en échange de l’intervention militaire.

2) Sans un étroit « coaching » français, la force de la CEDEAO qui va se lancer à la « reconquête » du nord Mali sera militairement incapable de mener l’opération à son terme, c'est-à-dire jusqu’à l’éradication des groupes gangstéro-islamistes qui occupent la région.
Entendons-nous bien : reprendre Tombouctou et Gao ne posera aucun problème à ce mini corps expéditionnaire ; d’autant plus que les terroristes refuseront un choc frontal et se replieront dès le début de l’offensive pour se diluer dans le désert. Comme leur poursuite n’est pas à la portée des troupes de la CEDEAO, le problème aura simplement été déplacé ; notamment vers le Nord, et c’est très précisément ce que ne veut pas l’Algérie.

Pour que l’expédition qui se prépare soit une réussite, pour éviter que les groupes terroristes contaminent tout le Sahara et toute la bande sahélienne, il est donc impératif de les fixer afin de pouvoir les éliminer. C’est pourquoi les forces françaises doivent être directement engagées. Sans compter que, même pour la reprise des villes du Nord, leur présence effective est une nécessité, ne serait-ce que pour donner un minimum de cohésion à des forces disparates, pour éventuellement être en mesure de les « engerber » et de leur fournir une colonne vertébrale.

Le président de la République ayant clairement déclaré lors de sa conférence de presse que tout cela était hors de question, il est donc d’ores et déjà possible d’annoncer que la question du terrorisme sahélien fera encore l’actualité dans les prochaines années. 

Bernard Lugan
14/11/12

4 commentaires:

  1. Bonjours
    Comme toujours, vous donnez au problème tout l'éclairage nécessaire. Soyez-en remercié, une question nait immédiatement:
    Peut-on craindre que la présence durable de cette organisation islamiste, AQMI ou autre, dans ctte région leur donne une base territoriale et permette à ces gens d'installer de véritables camps d'entrainement terroristes à la manière de la LYBIE des années 70?
    Dont on immmagine les conséquences.

    Jean Paul

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  2. Il faudra un jour expliquer aux étudiants de Science Po que la première des choses à faire lorsque l'on va en guerre, c'est d'avoir un objectif à atteindre. Je crains qu'ici, on n'ai en définitive que "lutter contre les méchants terroristes d'Al-Quaeda", ce qui est un peu léger.

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    1. "lutter contre les méchants terroristes d'Al-Quaeda" ? Mais vous êtes encore bien trop précis ;-)
      Les Etats-Unis avaient déclaré la guerre "au terrorisme" en se refusant à nommer leurs adversaires : comment vaincre dans ces conditions ...

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  3. Votre analyses est fausse M. LUGAN, le Nord du Mali n'est pas une colonie, mais une partie intégrante du Mali qui a reçu plus de financement que toutes les autres régions du Mali ces vingt dernières années. Ces fonds étaient gérés par la communauté touareg elle même. Cette communauté était la plus favorisée au Mali, elle bénéficiait d'une discrimantion positive dans la fonction publique dans l'armée et même au gouvernement.

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