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mardi 28 février 2012

Masochisme colonial français, masochisme colonial allemand…


Le politiquement correct frappe également en Allemagne où l’équivalent du « massacre des Algériens » le 17 octobre 1961, est la guerre des Herero, ce conflit qui ensanglanta le Sud-Ouest africain, l’actuelle Namibie, au tout début du XX° siècle.

Le 11 janvier 2004, pour le centenaire du début de la guerre, M. Wolfgang Massing, ambassadeur d’Allemagne à Windhoek, exprima ses regrets « pour la conduite de l’armée allemande à l’égard du peuple herero ». Depuis, tous les superlatifs ont été employés, certains allant jusqu’à parler de « génocide ».
Or, dans cette affaire, l’acte d’accusation contre l’Allemagne est un montage datant de la Première guerre mondiale quand Français et Britanniques qui avaient besoin d’arguments « moraux » pour s’emparer de ses colonies, accusèrent l’Allemagne d’avoir failli à son « devoir de civilisation » en prenant pour exemple la manière avec laquelle elle avait réduit la révolte des Herero.
Le dossier passait totalement sous silence les actes atroces commis par les révoltés: familles de colons massacrées, torturées, les femmes violées puis dépecées vivantes sous les yeux de leurs enfants, les hommes émasculés puis éventrés... Le « traitement » que les Herero réservèrent à certaines femmes allemandes tombées vivantes entre leurs mains mérite d’être décrit : suspendues par les pieds à un arbre, jambes écartées, elles furent éventrées et éviscérées, comme des bêtes de boucherie… Ensuite, à ces mêmes arbres, les Allemands pendirent ceux qui s’étaient rendus coupables de ces meurtres abominables. Alors que nous n’avons que des témoignages concernant les premiers crimes, les exécutions judiciaires furent quant à elles photographiées et les clichés ensuite utilisés par la propagande alliée pour « démontrer » la « culpabilité coloniale allemande » (die koloniale Schuldluge).

Pour la gauche allemande et pour les Eglises qui soutiennent son combat, tous les militaires qui participèrent, de près ou de loin, à la guerre des Herero sont par définition des criminels. Y compris Paul Emil von Lettow-Vorbeck (1870-1964), légendaire officier colonial qui devrait pourtant figurer au Panthéon des gloires allemandes.
En 1904, il servait comme capitaine au Sud-Ouest africain quand il fut blessé au visage lors d'un engagement contre les Herero. Commandant les forces d’Afrique orientale durant le premier conflit mondial, il résista jusqu’après l’Armistice de 1918. Au mois de mars 1919, il rentra en Allemagne où il fut accueilli en héros, paradant triomphalement sous la Porte de Brandebourg. Il reçut ensuite le commandement d’une division de la Reichwehr avec laquelle il intervint à Hambourg en soutien du corps franc du capitaine de corvette Hermann Ehrhardt et contre l’insurrection communiste. Là est peut-être la vraie raison de la haine que lui portent aujourd’hui les héritiers des spartakistes.
Impliqué dans le putsch de Kapp, il fut mis à la retraite sans pension. Elu député du Parti National allemand en 1929, il siégea au Reichstag jusqu'en 1930, puis il écrivit  ses Mémoires, voyagea en Europe et fut chaleureusement reçu en Grande-Bretagne. En 1935, il refusa le poste d'ambassadeur à Londres qu'Hitler lui proposait.
La Seconde Guerre mondiale terminée, il subit une épuration aussi injuste qu’infondée. Privé une nouvelle fois de sa retraite, il fut contraint de s’employer comme jardinier. Quand il apprit le sort indigne qui était réservé à son ancien valeureux adversaire durant la campagne d’Afrique orientale, le maréchal Smuts, organisa une souscription à laquelle participèrent nombre d’officiers britanniques et sud-africains qui firent publiquement part de leur méprisante indignation aux autorités allemandes. 
En 1953, à l’invitation du Colonial Office, Paul von Lettow Vorbeck entreprit un voyage dans l'ancienne Afrique Orientale allemande. A Dar es Salam, lorsqu’il se présenta à la coupée du navire, la fanfare des King’s African Rifles joua en son honneur la marche de la Schutztruppe, le fameux Heia Safari, pendant que plusieurs centaines de ses anciens askari ayant revêtu leur tenue militaire lui faisaient une ovation. Il mourut à Hambourg le 9 mars 1964, à l'âge de 94 ans.

Aujourd’hui, en Allemagne, les quatre casernes de la Bundeswehr  qui portaient le nom de Paul Emil von Lettow Vorbeck, à Brême, à Bad Segaberg, à Hambourg-Jenfeld et à Leer ont été débaptisées, de même que plusieurs rues. Des ouvrages indigents et d’une rare malhonnêteté intellectuelle ont été publiés afin de salir sa mémoire.
Mais que pèsent la petitesse et la bêtise face au mythe ? Le Heia Safari  résonne en effet encore du Kilimandjaro à la Rufidji, portant les échos d’une Europe simplement endormie et dont le réveil sera douloureux pour les hypnotiseurs vicieux qui pensent la tenir définitivement en leur pouvoir. 

Bernard Lugan
28/02/2012

8 commentaires:

  1. Cher Monsieur Lugan,

    En general, je vous suis, mais la, je vous trouve partisan. Laissons-la de cote la soif de repentance masochiste europeenne qu'aucune surenchere ne semble etancher. Acquis aux theses du "un chez-lui pour chacun et chacun chez soi" que vous semblez exposer dans Decolonisez l'Afrique, theses certes evidentes a la lumiere de 2012 bien que rarement repandues, je trouve de cet article qu'il les contredit.

    Car enfin il y avait les habitants et les tout nouveaux venus. Nous ne parlons pas des pionniers et aventuriers Boers en terrain vague ici. Nous ne parlons pas de sinceres missionnaires venus avec l'intention de civiliser un continent. Nous parlons de l'arrivee relativement recente et violente d'allemands sur une terre fertile et occupee. La revolte etait legitime. Les massacres de Hereros, condamnable. Peut-etre ces meurtres ont-ils effectivement ete utilises et grossis a des fins de propagandes, mais de ce que je sais de mes lectures, ils ont existe, ainsi que les deplacements de masse de Hereros. L'on parle de camps d'extermination, confirmez-vous ou infirmez-vous leur existance?

    Sans occulter les details sordides des meurtres d'allemands, dont l'horreur est une question de forme plus que de fond qui peut etre exploitee dans n'importe conflit, ils ne sont en aucun cas une indication de l'echelle a laquelle ces meurtres ont ete perpetues. Il me parait difficile de nier l'ampleur des meurtres de Hereros, ce que d'ailleurs vous ne faites pas. Mais alors, parlez-en. Des chiffres s'il vous plait, meme s'ils ne peuvent etre qu'approximatifs.

    Bien a vous et merci pour votre travail

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  2. J'ai souvenir que durant mon service militaire, on nous faisait chanter "La petite piste", la version francisée de "Heia Safari". Sans doute ce chant avait-il intégré le répertoire militaire français par le truchement de la Légion des années 50, du temps qu'elle parlait allemand. C'était une bien belle marche.

    Il est désormais interdit dans les casernes, parce que c'est, paraît-il, un chant nazi. Une chanson qui évoque une troupe noire...

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    1. Pour ma part, je crois reconnaître un air que je chantais quand j'étais Scout. Plutôt une adaptation, (voire un plagiat, mais ce serait étonnant). Et avec des paroles non militaires, bien entendu.

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  3. Vous traduisez dans votre article «la culpabilité coloniale allemande » par « die Koloniale Schuldlüge » qui signifie en fait « le mensonge (Lüge) de la culpabilité coloniale ». Si vous voulez dire la culpabilité coloniale ce sera « die koloniale Schuld » et si vous ajoutez « allemande » c’est « die deutsche koloniale Schuld » ou « die koloniale Schuld Deutschlands ».

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  4. La guerre "propre" n'existe pas, mais il y a les faits qui montrent qu'il y n'a pas toujours les méchants européens d'un côté et les gentils non européens de l'autre, ou les gentils vainqueurs d'un côté et les méchants vaincus de l'autre, avec des retournements de situations éventuelles quand les vaincus militairement parlant deviennent les vainqueurs idéologiquement parlant des décennies plus tard.

    Cette mise au point de M. Lugan sur v. Lettow-Vorbeck est remarquable même si évidemment elle peut choquer ceux qui n'aiment que les discours feutrés quand ils ne sont pas mensongers voire inexistants. Cette remise au point est encore plus indispensable aujourd'hui pour ceux qui n'ont jamais entendu parler de cette époque.

    Certains comportements guerriers reposant sans doute sur une tradition (comme la mutilation de l'ennemi), ont, par ailleurs, lors de de la reconquête de l'Europe nazie, été observés comme ayant été commis par certains combattants originaires d'Afrique (oreilles coupées à des soldats allemands par exemple). Des ouvrages de témoignages en parlent et sans doute des rapports aux archives du ministère de la défense à Vincennes.
    Ces faits historiquement vérifiables ne remettent pas en cause l'importance du rôle de l'Armée française d'Afrique en Italie ou en France après le débarquement en Provence, et le courage des officiers, sous-officiers et soldats qui la composaient.
    De même en Normandie il y a eu des soldats d'origine asiatique (kirghizes de zones "libérées" d'Urss?) incorporés dans l'armée allemande qui ont laissé de très mauvais souvenirs contrairement à des soldats allemands d'occupation repartis sur le front de l'est, et il y a eu aussi en 1944 des viols de jeunes Normandes par des soldats US (dont des noirs; de même les exactions de l'Armée Rouge ont aussi bien existé notamment en Pologne dès 1940.
    Et l'on pourrait évoquer l'armée nordiste punissant le Sud et ses habitants blancs comme noirs, dans les suites de la guerre dite de Sécession. Combien, malheureusement, d'autres exemples, partout et de tous temps y compris dans l'histoire moderne et contemporaine!

    Le problème c'est que le manichéisme politique à sens unique qui veut écrire l'histoire sans tenir compte des faits, ne peut que provoquer toujours plus d'antagonisme entre des peuples, qu'on le veuille ou non, car là aussi ce serait mentir que de dire que tous les peuples avaient les mêmes coutumes, religions, civilisations, conditions de vie, dans des contrées et sous des climats, différents.

    De toute façon la vérité contenue finit toujours par jaillir à plus ou moins long terme, et plus elle aura été contenue, plus les conséquences risqueront d'être néfastes. L'on ne peut pas construire l'avenir sur un socle de mensonges.
    L'étude de l'histoire, en Afrique, comme ailleurs, n'en donne que des exemples.

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  5. Je ne peux qu'approuver M.J. Habituellement d'accord sans restrictions avec vos écrits, du haut de mes certes petites connaissances, il me semble que vous occultez là les massacres et déportations commis auparavant sur le Hereros.

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  6. Merci M. Lugan pour votre éclairage sur cet épisode de la révolte Herrero qui n´est pas sans rappeler la répression justifiée contre les exactions du FLN durant la guerre d´Algérie et les commémorations dégoulinantes de repentance coloniale que nous allons connaître pour l´anniversaire de l´indépendance algérienne.

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  7. La seule raison pourquoi cette partie de l'histoire Allemande ne peut etre cautionnée par les divers commentaires, c'est que cela reste de l'histoire ALLEMANDE et donc condamnable par le petit chauvinisme Francais.

    Mais M. Lugan n'est pas de ce bord la. Il voit l'Afrique telle qu'elle a vraiment été, et il se trouve que les Allemands n'ont pas fait que du mal la bas.
    Ayant souvent été en Namibie et ex-territoire Allemand en Afrique, on peut voir avec quel amour aujourdhui les Allemands sont recus par les indigènes, c'est un des rares endroits en Afrique ou l'on se sent presque toujours en securité sans haine.

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