jeudi 17 novembre 2011

L'Afrique Réelle N°23 - Novembre 2011





















SOMMAIRE :

ACTUALITE :
- Il n'y a pas eu de printemps arabe en Afrique du Nord
- L'Algérie : un vaisseau fantôme au milieu des écueils

DOSSIER : POUR EN FINIR AVEC LE MYTHE DU "MASSACRE" DES ALGERIENS A PARIS LE 17 OCTOBRE 1961
- L'état des connaissances
- Le massacre du 17 octobre 1961 : vérités et légendes
- Rapport sur les archives de la Préfecture de police

EDITORIAL :

Cinq grands enseignements peuvent être tirés des élections tunisiennes :
1) Ce vote montre que la Tunisie est coupée en deux puisque les islamistes et leurs alliés totalisent environ 50% des suffrages. Face à eux, les 50% de « laïcs » sont divisés. Les islamistes sont donc les maîtres du jeu.
2) Ce résultat constitue rejet de la greffe occidentale tentée il y a plus d’un demi-siècle par Bourguiba, ce qui montre que l’on ne va pas contre la nature profonde des peuples. L’on a en effet trop longtemps oublié que la Tunisie est un pays musulman, donc non laïc..
3) La laïcité tunisienne était en quelque sorte un luxe réservé à une élite occidentalisée vivant entre Paris et Tunis. Or, cette élite s’est tiré une balle dans le pied en renversant Ben Ali qui lui interdisait certes la plénitude de l’expression politique, mais qui, en revanche, lui permettait de vivre pleinement à l’européenne en pays musulman.
4) Ces élections auront fait bien des cocus, à commencer par les médias français tombés littéralement amoureux de la « révolution du jasmin », laquelle était tout, sauf une victoire de la démocratie et des droits de l’homme tels que leur esprit formaté se l’imaginait.
5) Les Tunisiens vivant en France ont majoritairement voté pour les islamistes, ce qui devrait faire réfléchir les irresponsables qui veulent accorder le droit de vote aux immigrés.
En Libye, où nous n’avons pas assisté à une révolution démocratique, mais à une guerre tribale et régionale dont ont finalement profité les islamistes, le nouveau régime portera une tare originelle. Celle d’avoir été mis au pouvoir grâce et par une intervention militaire de l’Occident immiscé sans raisons dans une guerre civile qui ne le concernait en rien. Comme les nouvelles autorités vont devoir effacer ce péché originel, elles vont immanquablement procéder à une surenchère islamiste à défaut d’être nationaliste car la Libye n’existe pas.
L'affaire libyenne est en définition un échec majeur, sauf pour les militaires français qui ont, une fois de plus, montré leur professionnalisme et leurs compétences, hélas mises au service d'une politique aberrante et qui va se retourner contre nous.
En Egypte, la révolution s’est faite en dehors du petit peuple des fellahs. Ce fut une révolte des citadins et des bourgeois, des privilégiés en somme, qui, comme en Tunisie, renversèrent un dictateur qui limitait leur expression politique et sans voir qu’ils se précipitaient dans un abîme.
On ne cesse de nous répéter qu’en Libye et en Tunisie, l’islam est « modéré ». Certes, mais par rapport à quoi ? A notre propre philosophie héritée des Lumières et fondée sur le contrat social ? La question n’a pas de sens car nous sommes dans deux systèmes de pensée totalement différents et irréductibles l’un à l’autre.
En définitive, le « printemps arabe », n’a existé que dans l’esprit simplificateur des journalistes comme nous l’expliquons dans ce numéro 23 de l’Afrique Réelle.

5 commentaires:

  1. "[...] la Tunisie est un pays musulman, donc non laïc."
    Certes.
    Poussons un peu plus loin: Puisqu'islam et laïcité sont incompatibles (leur compatibilité existe dans des théories de salon mais pas dans la réalité), c'est donc que la laïcité n'a pas de sens.
    En effet elle pose en principe général que l'État n'est pas confessionnel et ne privilégie aucune religion, ce qui suppose qu'il ne soit pas musulman, or l'islam enseigne qu'il doit en aller exactement à l'opposé.
    La laïcité protège donc sa propre subversion et ne peut que disparaître.
    L'erreur de jugement des promoteurs de la laïcité est d'avoir endoctriné plusieurs générations de français dans un système prétendument universel mais en réalité compatible avec le seul christianisme, sans imaginer que la France puisse devenir musulmane.
    Le piège se referme: L'islamisation est inarrêtable et les français enfermés dans leur dogme laïc vont s'y accrocher jusqu'à l'absurde.
    Voilà comment, pour extraire la France du christianisme, les athées l'auront livrée à l'islam: Ils n'y auront guère gagné !
    Autre paradoxe: Il existe un dogmatisme athée obscurantiste et intolérant.

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  2. La laïcité, imposée à la Turquie par Kemal Atatürk, disparaît progressivement de ce pays. Islam et laïcité sont ontologiquement antinomiques car le premier repose sur un Livre intouchable tandis que la seconde est un choix. L'islamisation ne peut donc être arrêtée ou repoussée que par la force : posez la question aux Russes, Grecs, Roumains, Serbes, Bulgares, Monténègrins,Arméniens. La différence, c'est que ceux-ci avaient une spiritualité à lui opposer, ce qui n'est, hélas, plus le cas de nos sociétés matérialistes.

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  3. Petite réflexion de fin de soirée...
    Je ne pense pas que, globalement, les athées d'aujourd'hui sont dépourvus de croyance. La foi ne s'exprime plus de la même manière en société, mais se vit au jour le jour d'une manière ou d'une autre. Je crois que l'erreur vient du fait que l'on superpose des mondes différents à des époques historiques différentes. La mondialisation et d'autant plus la révolution de l'information nous fait oublier à tous la distance réelle qui nous sépare les uns des autres et nous pousse à tout mettre sur un même pied d'égalité et à tout comparer naïvement.
    Pour avoir vécu en Égypte et en Syrie, il était étonnant de constater qu’en Egypte, la religion est notée sur une carte d'identité. Sur ce point, je fais un petit clin d'oeil au génocide du Rwanda où les Belges ont permis la distinction légale entre Tutsi et Hutu. En Égypte, dès le départ, le chrétien n'est pas jugé devant la loi de ce pays comme le serait le musulman. Contrairement à la Syrie gouvernée par une minorité ethnique, le pays s'est proclamé laïc et dans les faits légaux, cela se voit clairement.
    A tous ceux qui croient que démocratie et même une quelconque notion de liberté se fera sentir sans laïcité, vous vous trompez lourdement. Un état de droit doit s'appliquer à tous sans discernement, autrement il est aisé de glisser dans un fanatisme d'en temps ou un fascisme européen "moderne".
    Jean
    anarkista268@hotmail.com

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  4. Est-il possible de se procurer ce numéro ? J'ai contacté Bernard Lugan mais il ne répond pas.

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  5. Ah voilà, j'ai eu une réponse.

    :)

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